LES SONGHAIS
Leur Milieu:Songhaï, ou Sonrhaï : 300 000 au Mali, 150 000 au Niger.
On en trouve aussi en Burkina Faso, au Bénin, au Nigeria. Les Songhaï actuels sont issus de métissage entre les populations qui occupaient ces régions aux origines (Sarakolé, Malinké, Sorko, etc.) et les émigrants venus du Nord (Berbère, Touareg, Arabe, Maure, Peul). Les apports d'éléments peul et touareg ont donné aux Songhaï un nez plus étroit et une peau plus claire que les autres ethnies noires.
Les Songhaï ressemblent beaucoup aux Touareg. Comme eux, ils portent le litham. Aussi est il souvent difficile de les différencier. Pourtant, pendant longtemps, les Touareg pillèrent, razzièrent les villages songhaï, inspirant la terreur en mettant le feu aux cases. Ils occupent une zone qui épouse la courbe de la boucle du Niger, du lac Débo, à l'embouchure dut Berni n'Kebbi au Nigeria, avec comme principaux centres les villes du long du fleuve : Goundam, Diré, Tombouctou, Gourma Rharous, Bourem, Gao, Ansongo, ci Ayorou, Tillabéry, Tera au Niger.
Le Niger peut être considéré comme l'élément vital de ce peuple qui v it en partie sur les bords et dans la région des lacs.
Plusieurs traditions font remonter les origines légendaires des Songhaï au temps de Moïse, au moment où celui ci chassa dÉgypte Samirion et tous ceux de sa race. Ils s'installèrent dans la région de Gao. d'autres à Tiendâdi, dont les habitants actuels prétendent être les descendants du Pharaon. Ces émigrants auraient fait souche avec autochtones.
Leur Histoire:L'histoire commence par plusieurs légendes. C'est vers l'an 500 que .es Songhaï, peuple noir guerrier, vinrent se fixer sur les bords du Niger oriental.
Leur centre était Koukia, en pays Dendi. Ce peuple était divisé en trois classes qui ne s'entendaient pas toujours très bien : les Sorko (piroguiers, pêcheurs « maîtres de l'eau»), les Do (agriculteurs, éle eurs, « maîtres de la terre ») et les Gow (chasseurs, « maîtres de la brousse »).
Au XIe siècle, des Berbères, sous la pression des Arabes, se fixèrent près des Do, et fondèrent la dynastie Dia, de race blanche, qui régna trois siècles sur le peuple songhaï. Avec les mariages mixtes, les Berbères se métissèrent rapidement et finirent par ne plus se distinguer des autochtones.
Chassés par les Dia, les Sorko remontèrent le fleuve et fondèrent, vers 690, la ville de Gao. Ils durent l'abandonner deux siècles plus tard aux Dia et se réfugièrent finalement autour du lac Débo.
C'est vers 1009 que le quinzième roi Dia, Dia Kossoï, fixa sa capitale à Gao, qui rivalisa en grandeur et prospérité avec Ghana et Mali.
Sonni Ali, dit Ali Ber le Grand (1464 1492) sut transformer ce petit royaume en un empire, le plus grand qu'ait jamais connu l'Afrique occidentale (aussi vaste que celui de Charlemagne). Il reprit aux Touareg Tombouctou (qui se vida de ses intellectuels), se rendit maître du Macina et du Haut Niger, prit Djenné (après sept ans de siège) et conquit le Nord du Yatenga et le Gourma. Son fils lui succéda, mais très vite, un de ses généraux, Mohamed Touré, noir Soninké (Sarakolé), s'empara du pouvoir en 1493 et se proclama roi sous le nom de Askia Mohamed (1493 1529). Très bon administrateur diplomate rusé, il fit de Tombouctou une seconde capitale. Son pèlerinage à la Mecque fut fastueux.
Il s'empara de Mali, capitale de l'empire rival. Il entreprit la guerre sainte contre les païens Mossi, annexa les États haoussa et prit Agadès.
Vers 1520, son empire puissant et organisé avait pris le relais de celui du Mali. Il transforma Tombouctou en un centre intellectuel très important, avec des universités nombreuses et cent quatrevingts écoles coraniques. Le commerce y était florissant et de nombreux artisans s'y installèrent. Les étudiants venaient du Maghreb pour suivre des cours réputés.
Ses fils et petits fils furent incapables de maintenir son oeuvre. Ils se combattirent, s'entre tuèrent et précipitèrent la chute des Songhaï, dont la richesse (le sel et l'or) attira la convoitise du Sultan saadien du Maroc, Ahmad el Mansour.
Après plusieurs tentatives malheureuses, le Maroc, qui convoitait l'or des Askia, enrôla trois mille renégats espagnols sous la conduite du pacha Djouder. Le 12 avril 159 1, les fusils et les canons marocains démantelèrent les trente mille hommes et les douze mille cavaliers de l'armée songhaï, sans armes à feu. Ce fut la ruine de l'empire Songhaï.
L'Askia se réfugia au Gourma où il fut tué. Les pachas marocains se succédèrent à Tombouctou et à Gao. La caste noble des Arma, métis des unions des marocains avec des femmes songhaï, prit le pouvoir en 1680. Cent vingt huit princes se succédèrent à Tombouctou mais, en 1770, les Touareg s'emparent de Gao et pillent Tombouctou.
Au moment de l'arrivée des Européens, les Songhaï étaient morcelés en petits États désunis dont deux seulement avaient pu conserver leur indépendance.
Leur Vie Economique:Les Songhaï sont surtout agriculteurs. Les travaux des champs sont limités de mai (semailles) à octobre (récolte). Le reste de l'année, beaucoup deviennent artisans. Ils sont aussi éleveurs, comme les Peul, ils ne destinent pas leurs troupeaux à la vente.
Leur Vie Sociale:Au sommet de J'aristocratie, se trouvent les Arma, descendants des Marocains, mariés à des femmes Songhaï, puis les Songhaï nobles. descendants des premiers émigrants. Les Sorko sont pêcheurs.
Pour pêcher, ils lancent un grand filet lesté qui se déploie en cercle (le birgi). D'autres sont chasseurs d'hippopotame, de lamentin et de caïman au harpon (zogu). Ils sont craints parce qu'ils pratiquent la magie. Ils fabriquent des pirogues en cousant les unes aux autres des planches de palmiers.
Les Gabibi (hommes noirs) sont l'équivalent des Bellah, captifs des Touareg, qu'on rencontre dans tous les marchés songhaï comme bouchers, maçons ou domestiques.
Les Kalan sont les descendants des enfants issus de seconds mariages que les femmes Songhaï contractent avec les hommes de leur race, après le divorce d'un mari marocain. Les Kalan, éduqués par les Marocains, qui continuaient à les protéger, sont lettrés, mais surtout ils sont artisans tailleurs, bijoutiers, cordonniers, ou commerçants. Ce sont leurs femmes qui fabriquent les célèbres bijoux de paille de Tombouctou,
Les Songhaï sont polygames. La situation de la femme Songhaï est plus élevée que celle des femmes des autres ethnies sédentaires. Elle est honorée et respectée, un peu comme les femmes Touareg. Il ne faut pas oublier cette complexité ethnique songhaï où les métissages culturels sont nombreux.
Leur Vie Religieuse:L'Islam, appelé au début « religion des étrangers blancs », s'est trouvé obligé de respecter les croyances ancestrales des Songhaï. Un syncrétisme absorba les deux religions, en plus des rites musulmans, beaucoup de Songhaï continuent, plus ou moins secrètement, à pratiquer les cultes des ancêtres. Ils sont réputés comme magiciens et faiseurs de pluie. Toute la mythologie songhaï est basée sur la suprématie dans le premier ciel, celui des hommes et des génies Dieu (Dogo) étant dans le septième ciel des génies appelés : Holey. Les Holey peuvent se matérialiser dans les cérémonies de possession, empruntant le corps d'un danseur en crise. (Le culte des Bori des Haoussa correspond assez bien aux Holey songhaï.)
Le plus célèbre culte des Holey est le Yenendi, qui se situe à la fin de la saison sèche en mai juin, surtout dans la région de Niamey (qui semble être la Mecque de l'animisme). Le Yenendi est destiné Li faire venir la pluie dans des conditions favorables aux cultures et à concilier l'humeur de Dongo, génie du tonnerre.
En dépit de toutes ces croyances, les Songhaï sont musulmans dan, tous les actes importants de leur vie. Cette religion a pénétré dan
les masses populaires au moment des conquêtes peul des XVIIIe et XIXe siècles.
Leur Vie Culturelle:Vie religieuse et fêtes sont étroitement liées. Les grandes fête, populaires songhaï correspondent aux trois grandes fêtes musulmanes.
A cause de la profonde influence Touareg, ce sont les femme, Songhaï qui jouent du violon (N'Diarka).
Les chansons populaires, souvent très licencieuses, sont aussi chantées en général par elles.
Les conteurs chantent les louanges des grands chefs disparus afin continuent à veiller sur les vivants et les générations future,.
Leur Vie artisanale:Chez les Songhaï du Nord, les artisans ne constituent pas de caste, ce sont les Kalan qui sont, en général, artisans (leurs femmes font des bijoux en paille tressée remarquables). Les membres de la même famille peuvent exercer plusieurs métiers différents, selon la vocation et les dons de chacun. Mais dans certaines régions influencées pale Sud, l'artisanat est réservé à des castes d'autres ethnies : Garassa (forgerons) Saké (cordonniers), Malé (tisse rands). Les Gara,,;. par exemple, sont les forgerons des Touareg qui travaillent aupour les Songhaï. Le Garasa touareg ne fait que transformer le fer. tandis que le Zam, forgeron songhaï, sait le fabriquer.
Ce sont les femmes de ces artisans qui font de la poterie et de la vannerie. Les tisserands sont des anciens captifs de case (propriété d'un maître) se transmettant le métier de père en fils. Avant, ils tissaient sur commande de leur maître, cultivaient le sol, et ne pouvaient travailler à leur compte que trois jours par semaine.