LES MAURES
Leur Milieu:Les Maures habitent tout l'ouest saharien, des rives du Draa (sud Marocain) à celles du Sénégal.
Ils sont 550 000 en Mauritanie (sur une population de 1500 000 habitants de Peul, Sarakolé, nomades, Toucouleur).
- 20 000 sont fixés au Sénégal.
- 80 000 au Mali.
Le Mali compte encore plusieurs tribus de Maure parmi sa population. Les Kounta sont les plus importants (rive gauche du Niger). La partie sahélienne du Mali est une zone de migration des pasteurs Maure mauritaniens.
Les Maure sont en contact fréquents avec les Wolof, les Bambara, les Songhaï et les Touareg.
Les zones habituelles de rencontre sont les marchés échelonnés en bordure du fleuve Sénégal et du fleuve Niger : au Mali, Goundam, Tombouctou, Gao et, au Niger, Tahoua, Agadès.
Les Maure se désignent sous le nom de Bidan (homme blanc) par opposition aux Noirs sédentaires, les Kouwar, qu'ils appellent aussi Soudan (pluriel du mot assoued, noir). On les dit Berbères Zenaga du sud Marocain. Islamisés par les Arabes, leur engouement pour l'islam les poussa au prosélytisme. C'est chez eux que naquit au xie siècle le grand mouvement des Almoravides qui islamisèrent les rois nègres du Tekrour et détruisirent l'empire du Ghana (voir Toucouleur et Sarakolé).
L'ensemble des tribus Maure est arabo berbère; les mots d'origine berbère sont très nombreux dans le dialecte arabo berbère qu'ils parlent, le hassanya, mais les tribus sont de plus en plus métissées avec les Noirs. « La terre des Noirs tue les Maures », dit le proverbe.
Leur Histoire:L'histoire des Maure en bordure du Sahel se confond souvent avec celle des Touareg et celle des Songhaï (pillage, razzia, luttes intestines, propres aux pasteurs, nomades et guerriers). Au xie siècle, le peuplement des Noirs s'étendait jusqu'à l'Adrar, avec à l'est le royaume des Sarakolé (empire du Gao) détruit au xie siècle par les Almoravides (tribu de Berbères voilés, les Lemtouna).
Les Almoravides furent maîtres de la Mauritanie berbère. Ils convertirent à leur cause les guerriers Toucouleur du Tekrour (déjà islamisés) et purent ainsi entreprendre la guerre sainte. Après la prise de Koumbi, la capitale du Ghana (1076), ils se rendirent maîtres de presque tout le Maroc et d'une partie de l'Espagne. Après la mort de leur chef, la domination almoravide ne dura pas longtemps. Les tribus vassales du Ghana avaient profité de ces événements pour réaliser leur indépendance. Des tribus arabes d'Afrique du Nord pénétrèrent dans le désert et chassèrent les Berbères des meilleurs pâturages ou les vassalisèrent.
Au XVIe siècle, les tribus les plus puissantes s'organisèrent politiquement en émirats et se divisèrent en sept grands groupes, souches de toutes les tribus actuelles.
Leur Vie économique:Les Maure sont de grands éleveurs de chameaux. Pasteurs, ils vivent sous la tente.
Commerçants, on les trouve sur les marchés de Saint Louis (Sénégal) et de Zinder (Niger).
C'est au Nord que vivent les grands nomades chameliers, au SudOuest, les pasteurs qui pratiquent la transhumance (nord en hiver, sud en saison sèche). Les Maure ne sont pas agriculteurs. Ce sont leurs anciens esclaves qui cultivent les champs.
Les autres ressources des Maure sont le sel, la cueillette de la gomme dite arabique (acacia du Sénégal), mais surtout le cuir. Comme pour toutes les ethnies nomades pasteurs, il s'agit d'une véritable civilisation du cuir.
Leur Vie sociale:Il existe plusieurs divisions sociales très hiérarchisées, correspondant aux anciennes tribus.
1. Les Hassanes forment la noblesse, la haute aristocratie, ce sont d'anciens guerriers descendants des Beni Hassanes.
2. Les Tolba (ou Zaouïa), tribus maraboutiques d'origine berbère (certains descendants du prophète Mahomet). 3. Les Mhrar, nobles pasteurs, non guerriers. 4. Les Harratin, anciens esclaves noirs libérés, vivant dans les villages.
Ils doivent encore une redevance à leurs anciens maîtres (environ 10 %). Les ' Abid sont les captifs nés dans la famille. La classe des gens de caste est limitée chez les Maure à une seule caste d'artisans (celle des Maalem qui fabriquent des objets en fer, en cuivre, en or ou en argent), et une caste des griots, les Igaoun (mais tout le monde peut faire de la musique).
Les Maalem travaillent aussi le bois. Comme il n'y a pas de caste de cordonniers, ce sont en général les femmes des forgerons qui exercent ce métier. Elles ont la réputation d'être très habiles dans le travail du cuir.
Les Maure n'ont pas de tisserands ni de tailleurs, ni de teinturiers. Ils s'habillent avec les tissus d'autres ethnies. Ce sont les femmes qui réalisent les vêtements. La vannerie, la poterie, sont exécutées par les femmes des esclaves (Harratin).
Ils sont tous Musulmans.
Comme pour les Peul et les Touareg, les Maure nobles ne doivent pas faire de travaux manuels. Ce serait un grand déshonneur.
Leur Vie Religieuse:Presque tous les Maure sont islamisés. Ils sont répartis entre plusieurs sectes religieuses (la Qadriya, la Tidjania).
Chez les nomades, on retrouve, comme chez les Touareg, la survivance d'anciennes coutumes paiennes (totémisme, entre autres). Aussi, magie et religion sont elles encore étroitement mêlées. La peur du mauvais oeil, si fréquente chez les Berbères, apparaît dans le triangle (l'oeil stylisé) qu'on retrouve très souvent dans le décor maure. L'influence islamique se relève dans tous les motifs décoratifs desfara (tapis de peaux de mouton ou d'agneau), des calebasses, des bijoux, motifs réalisés à l'aide exclusivement de lettres islamiques, telles le Waw (suite de U dont les bords se terminent par une boucle extérieure) qu'on retrouve dans beaucoup de bijoux.
Leur Vie Culturelle:Les Maure célèbrent les fêtes des musulmans.
Chants et danses. Les griots, étant chroniqueurs historiques de la tribu, chantent la gloire des ancêtres du cheick, en s'accompagnant de la guitare.
Les danses sont nombreuses; la danse acrobatique des esclaves. très spectaculaire, comprend des sauts, des pirouettes, des volteface qui exigent une grande souplesse.
Leur Vie Artisanale:Habillement Le vêtement des Maure est constitué par un large pantalon bleu bouffant, s'arrêtant aux genoux (saroual) et d'un ou deux grands boubous (daraa) un blanc, un bleu indigo. Les tissus utilisés sont très indigotés et déteignent sur la peau d'où le surnom qu'on accorde aussi aux Touareg d'« hommes bleus ».
Il chausse des sandales de cuir (maal). Les femmes portent des pagnes (hazam), maintenus sur les épaules par deux fibules placées au creux de la clavicule ou enroulés autour des reins. Elles se cachent le visage avec un voile (mehlafa) en toile de cotonnade bleu indigo, mais uniquement devant les étrangers.
Parure, bijouxLe Maure porte toujours un petit sac en cuir qui pend à son cou. Ce sac contient tout le matériel du fumeur : tabac, briquet à amadou. pipe en ivoire, épingle à curer la pipe.
Ses cheveux sont frisés, longs et enduits de beurre.
Les femmes ont les cheveux tressés, torsadés, veritable diadème. couverts d'ambre, de verroterie, de cornaline, coiffure compliquée et secrète que seuls les maris et les autres femmes peuvent voir (l'occiput et la nuque sont des signes de pudeur chez les femmes). Cette coiffure est réalisée par des coiffeuses professionnelles.
Elles portent aux chevilles, aux bras et aux oreilles des bijoux très lourds en cuivre ou en argent.
Chaque perle, chaque ornement de métal, de cuir, de corne, d'os, coquille a une place précise dans les nattes tressées. Les unes ont une valeur prophylactique, les autres protègent contre le mauvais il. ou assurent la fécondité.
Les femmes Maure suspendent à leurs tresses de curieux petits bijoux à chaton plat triangulaire, taillés dans le quartz ou l'agate. Ils sont souvent réalisés maintenant en matière plastique dans toutes les nuances les plus criardes (ces pendentifs sont appelés « Bagues de la Mecque »)
Tissage, broderieLes Maure n'ont pas de tisserands (ni de tailleurs, ni de teinturiers). Ce sont les femmes qui tissent les bandes de fils pour confectionner les tentes. Le métier est vertical, on tend la chaîne et on avance au fur et à mesure du travail.
Les nomades habitent toute l'année une grande tente brune (khrîné) mcieuse, aérée, faite de l'assemblage de sept bandes de coton mélangé à du poil de chèvre) dominée par le signe brodé de l'ouverture Certaines tentes de notables couvrent 100 m2 avec une auteur de 5 m. au piquet central. La bande de l'entrée est toujours lus étroite, au décor blanc (symbole de la pureté).
Les femmes de Oualata étant claustrées, elles ont encore le temps de oder de longues tuniques de percale, de soie blanche, dite « boumi" » et portées par les hommes ou les femmes.