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 La Côte D'Ivoire: Les Senoufos

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korrigane

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Localisation : le kremlin bicêtre
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MessageSujet: La Côte D'Ivoire: Les Senoufos   La Côte D'Ivoire: Les Senoufos EmptyJeu 10 Nov à 8:29

LES SENOUFOS


Leur Milieu:
L'ensemble ethnique sénoufo est vaste et les différences culturelles des tribus sont nombreuses d'une région à l'autre. Les Sénoufo sont répartis sur trois pays :
1. Au Nord de la Côte d'Ivoire : environ 400 000, délimités par les villes de Katiola, Dabakala, Ferkessedougou, avec Korhogo au centre. (Influence Dioula.)
2. Au Sud Est du Mali : environ 430 000, appelés Minianka (de minian, python, leur totem), délimités au Nord de Sikasso vers Koutiala jusqu'à San. (Influence Malinké.)
3. Au Sud Ouest de la Burkina Faso : environ 180 000, dans une poche, de Banfora vers Bobo Dioulasso. (Influence Bobo, Lobi et Gourounsi.).
La culture de ces trois groupes séparés par des frontières artificielles présente une certaine unité culturelle. Les Sénoufo ont opéré des migrations et des déplacements nombreux avant de se fixer dans cette partie de l'Afrique. Ils ont subi de nombreuses influences extérieures lors des invasions successives dont ils ont été victimes. Aussi, dans la civilisation sénoufo, on peut, dans les grandes lignes, rencontrer la superposition de deux cultures : l'une archaïque, héritage des vieilles traditions mandé, fermée et réfractaire à toute innovation; l'autre, plus moderne, influencée par l'Islam et l'Occident.

Leur Histoire:
D'après une légende, lorsque Neugué, considéré comme un être divin et surnaturel, disparut, les guerres entre les groupes Sénoufo commencèrent et les dispersèrent dans plusieurs régions.
Au xvie siècle, les Sénoufo formaient des clans variés autour de Korhogo, Séguéla, Odienné et Kong. La chute de l'empire mariding leur a permis d'émigrer vers le Nord jusqu'à Sikasso et Bougouni, chez les Bambara, et, vers le Sud, jusqu'à la région de Bouaké, chez les Baoulé, alors qu'à l'Ouest et au Sud Ouest, ils subissaient la poussée des Malinké (Dioula).
Paysans indépendants, ils n'auront jamais le goût de la conquête, ni d'un pouvoir centralisé. Après J'éclatement de lEmpire songhaï, qui les avait rendus libres, les Sénoufo furent progressivement envahis par les Dioula dans toute la région entre Bobo et Kong.
L'histoire des Sénoufo est liée en grande partie à l'infiltration Mandé par le royaume Dioula de Kong qui fut, aux XVIIIe et XIXe siècles, un grand centre commercial et religieux (voir Dioula). Les Dioula apportèrent aux Sénoufo l'usage des vêtements amples, des parures luxueuses. Ils ont fini par se fixer à la population Sénoufo et à s'intégrer parfaitement à leur vie et à leurs coutumes.

Leur Vie Economique:
Le Sénoufo est avant tout un paysan au caractère conservateur, qui sait parfaitement tirer le maximum de son sol pauvre. Aussi le pays sénoufo est il le grenier d'une grande partie du Mali et de la Côte d'Ivoire.
L'élevage est confié aux Peuls.
Chez les Minianka, la société est divisée en plusieurs associations de cultures. Les associations aident à tour de rôle chacun de leurs membres dans leurs travaux agricoles, au son du tam tam et des chants des griots.
Les marchés hebdomadaires ont lieu à jour fixe afin de se succéder les uns aux autres.

Leur Vie Sociale:
La société sénoufo, restée très traditionaliste, n'a pas de frontière très précise entre les différentes institutions sociales, économiques et religieuses, qui sont toutes étroitement solidaires.
Le sentiment religieux imprègne toutes les manifestations sociales. Le Poro, aux mains des vieillards initiés, est une organisation politico socio religieuse qui constitue J'élément charnière de toute la vie sociale des Sénonfo.
Il existe chez les Sénoufo, comme dans toutes les autres ethnies voisines, trois grandes divisions sociales : les nobles ou gens libres, les hommes de caste et les anciens esclaves.
Les castes sont composées des artisans : les forgerons (Fonombélé) qui travaillent aussi bien le fer que le bois, et exceptionnellement le cuir (leurs femmes font de la poterie), lesLorho, bijoutiers sur cuivre, les musiciens joueurs professionnels, les Koulé, spécialisés dans la fabrication des statues et des masques religieux. Ils sont redoutés comme jeteurs de sorts. Les Sonon, prêtres des cultes, fabriquent des fétiches et sont les animateurs des cérémonies et des danses auxquelles ils participent.

Leur Vie Religieuse:
En dépit de l'influence des Dioula qui, depuis des siècles, essaient de convertir les Sénoufo à l'Islam, plus de 70 % de la population est restée attachée aux pratiques religieuses traditionnelles. Le Poro en est le centre encore aujourd'hui, mais la durée d'initiation en est réduite et les épreuves sont moins dangereuses qu'il y a à peine dix ans. Les membres des castes d'artisans ont leur propres Poro.
Les Sénoufo croient en l'existence d'un Dieu unique, qu'ils appellent Koulouikiéré, mais qui n'a aucun pouvoir sur le présent et sur l'avenir. Seuls les esprits invisibles et les forces de la nature ont' besoin de culte car il faut s'en protéger. Les Sénoufo pratiquent ces cultes religieux la nuit, dans l'enceinte du bois sacré.
Cette religion comporte deux cultes : le culte de la famille et le culte du village, ayant chacun leur fétiche protecteur.
A partir de 1946, un nouveau culte, appelé Massa, d'origine malienne, près de San, (culte de la corne d'un bélier symbolisant la fécondité), a apporté de profondes perturbations dans la vie spirituelle des Sénoufo.
Toutefois, le culte Massa n'a pas réussi à remplacer le culte du Poro qui continue aujourd'hui à exister sous des formes liturgiques nouvelles.

Leur Vie Culturelle:
Des fêtes plus ou moins somptueuses se déroulent au cours des cérémonies initiatiques qui ont lieu à des dates variables. La circonsision est un événement collectif.
Le début de la récolte du mil se célèbre entre octobre et décembre. Le culte des morts est la base de la religion sénoufo. Les funérailles des chefs donnent lieu à des festivités publiques.
Chez les Sénoufo, il n'existe pas de véritable caste de musiciens, seuls les griots d'influence dioula sont castés. Les Sénoufo Minianka de la région de Koutiala comptent parmi les meilleurs joueurs de balafon. Ils portent de grands casques surmontés de Plumes blanches d'outarde ou même d'autruche, achetées chez leurs voisins.

Leur Vie Artisanale:
Le Sénoufo, assez médiocre commerçant, est, par contre, un excellent artisan; aussi la production artisanale est elle particulièrement riche et variée.
Les artisans sont groupés en collectivités professionnelles fermées.
Sont libres le filage du coton, l'extraction de l'indigo, la teinturerie, la vannerie. La vannerie est accessible aux deux sexes. On voit, en pays sénoufo, des artisans forgerons, tisserands, potiers, d'origine Mandé, qui se regroupent dans des villages particuliers. Ici, la condition de forgeron n'a rien de méprisable, comme c'est le cas dans d'autres ethnies.

Habillement
La nudité était encore courante il y a une quinzaine d'années. Elle est encore pratiquée pendant les grandes cérémonies d'initiation dans les bois sacrés.
Le costume, dans la brousse, est fait d'une seule pièce d'étoffe tissée, de couleur jaune et brune très caractéristique. On porte là dessus un vaste chapeau de paille de forme conique, qu'un cordon de cuir maintient sur la tête ou dans le dos. Le chapeau est parfois surmonté de fleurs (Minianka).
Dans les villes, comme Korhogo, les Sénoufo ont adopté, soit le boubou, d'influence islamique, soit les vêtements européens.

Parure
Les femmes portent souvent de lourds anneaux de cuivre torsadés aux chevilles, réalisés par le forgeron du village. Les anneaux dits à bascule ont deux extrémités pointues. Les bracelets et les bagues ont souvent la forme du serpent python. Les bagues ont d'ailleurs une signification symbolique avec la figuration des animaux mythiques comme le caméléon, le calao, la pintade, la tortue, le crocodile.
Les peignes sont des accessoires très décorés. L'emploi de perles de pierre, de quartz blanc ou de cornaline, est aussi très répandu pour les colliers et les ceintures. Mais ce sont surtout les cauris qui sont le plus employés dans les parures quotidiennes des hommes et des femmes, comme ceintures, bracelets, sautoirs.
Le Yawigué est une amulette protectrice à usage rituel.
Presque tous les Sénoufo portent, suspendue au cou par une chaînette de cuivre, une sorte de trousse qui comprend un cure dents, un cure oreilles et une palette pour prendre le tabac à priser.
Les tatouages purement esthétiques sont encore nombreux actuellement aussi bien d'ailleurs pour les femmes que pour les hommes: ornement solaire autour des seins et du nombril et balafres faciales variées. On raconte qu'à l'origine la fréquence des guerres contre les nombreux envahisseurs nécessita ces scarifications rituelles afin de mieux reconnaître les siens au milieu des batailles.
Certains hommes se font percer le lobe des oreilles pour y introduire un cordon de cuir orné de cauris. Les femmes y ajoutent des perles. des anneaux de cuivre ou d'argent. L'ourlet de l'oreille porte parfois, une série de petits anneaux de cuivre.

Tissage
Le tissage est libre. Il est en général pratiqué par les Dioula, mais on trouve depuis quelque temps de nombreux tisserands Sénoufo. Dans la région de Korhogo, sur les trois mille cinq cents tisserands recensés, il y a un bon millier de Sénoufo.
Waraniéné et Katia sont deux centres de tissage dioula importants. On trouve en effet encore aujourd'hui plus de deux cents artisan, tisserands dans chaque village.
On tisse surtout des pagnes blancs et à rayures noires et de couleur, des pagnes blancs et indigo aux multiples motifs géométriques. A 50 km de Korhogo, dans tous les villages de la brousse, entre autreSounsoriso et Dikodougou, on tisse avec la technique du brochage des motifs figuratifs d'animaux et des personnages mythiques stylisés.
On utilise le coton local, filé à la main par les femmes, ou produit industriellement par l'usine de Gonfreville (Bouaké).
Le métier à tisser est de type soudanais. Il faut neuf à douze bandes cousues ensemble pour réaliser un pagne. Les poulies sont sculptées de motifs qu'on retrouve dans les masques rituels.
Les teinturiers de Korhogo sont aussi Dioula. Ils font de très beaux pagnes avec le procédé des réserves. Ils utilisent une teinture tirée des noix de kola broyées dans de l'eau.
Les vêtements rituels utilisés dans les danses du Poro sont en tissage de coton écru, grossier, peints ensuite de motifs d'animaux mythologiques : crocodile, tortue, serpent, caméléon, qui représentent les premières créatures vivantes. On trouve aussi sur ces tissus des personnages, des masques et des signes géométriques.
Les dessins n'ont pas plus de 10 cm de hauteur. On les utilise aussi dans les costumes de chasse comme protection magique. Ces dessins sont réalisés sans esquisse, directement à l'aide d'un couteau trempé dans la teinture végétale vert brun, puis fixés avec une autre teinture à base de tan. Devant le succès remporté par ces tissus, un importateur en a fait adapter les dessins pour une utilisation en tenture murale, en les agrandissant et en les répartissant plus régulièrement que sur les tissus rituels. Le résultat fut assez décevant. Les motifs ont vite dégénéré et la teinture végétale brun foncé, pour aller plus vite, fut remplacée par de l'encre de Chine. Maintenant Korhogo et sa région produisent en série ces toiles dites de Korhogo.
Les habitants du village de Fakaha, situé à plusieurs kilomètres de Napiéolédougou, sont tous spécialisés dans ce travail. On constate par cet exemple qu'une adaptation d'une production traditionnelle à des besoins essentiellement décoratifs aboutit à une dégénérescence rapide. Il aurait été préférable de maintenir en grandes surfaces la diversité et l'irrégularité des motifs rituels, quitte à payer plus cher les panneaux de cette qualité.
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MessageSujet: Re: La Côte D'Ivoire: Les Senoufos   La Côte D'Ivoire: Les Senoufos EmptyJeu 10 Nov à 8:29

Vannerie
Dans toutes les régions sénoufo, les femmes comme les hommes réalisent des vanneries dès l'enfance, mais certains villages sont plus ou moins spécialisés dans cette production, comme celui de Torgokaba (route de Dikodougou) où l'on fait des vans, des nattes, des corbeilles variées pour le transport de la noix de cola et des chapeaux. Les nattes sont vendues en rouleaux. Elles s'appellent Seko. Les corbeilles en liane et en raphia, aux formes évasées, sont enduites de bouses de vache pour les rendre imperméables et servent à transporter toutes les récoltes.
C'est aussi le vannier qui tresse la paille des toitures.
On fabrique aussi des lits constitués de plusieurs nervures de raphia tressées, puis recouvertes d'une natte, des chaises longues en nervures de raphia, des corbeilles en roseaux.
En Burkina Faso, on trouve à Banfora, des paniers gigognes servant de mesures pour le grain. On les offre les jours de mariage.

Cuir
Les Dieli sont les artisans d'origine sénoufo, mais très dioulatisés, qui travaillent le cuir. Ils fabriquent des selles de cheval, des bottes, des sacs, des fourreaux de sabres, des couteaux, des amulettes. Ils tannent souvent eux mêmes les peaux en les mettant à tremper dans de grandes poteries remplies d'une décoction d'écorce. Après six jours de macération, les peaux sont séchées puis travaillées. Beaucoup de forgerons travaillent aussi le cuir.

Travail du métal
Presque toujours regroupés dans des villages ou dans les divers quartiers des villes, les artisans du métal se divisent en trois catégories.
1. Les fondeurs bijoutiers appartiennent au groupement des Kpembélé (équivalent des Lorho en dioula). Ils sont plus spécialisés dans le travail du cuivre et du bronze. Ils utilisent le cuivre avec la technique de la cire perdue. C'est pourquoi, on découvre souvent en pays sénoufo des ruches cylindriques en vannerie accrochées à tous les arbres. En dehors du miel, on récupère la cire pour tous les fondeurs, qui en utilisent beaucoup. On en fait des galettes que l'on place au soleil avant de les pétrir pour rendre la cire plus malléable. De longs fils très fins sont obtenus en roulant un cylindre de cire sur une planchette lisse au moyen d'une petite spatule en bois bien poli. Le fil est ensuite roulé en spirale. Avec cette technique, les bijoutiers fabriquent des bagues, des bracelets, des pendentifs. Actuellement, ils ont beaucoup de difficultés à se procurer du cuivre, aussi récupèrent ils les vieilles douilles de fusil et les robinets usagés. Ils confectionnent pour les devins, avec de l'aluminium importé ou du cuivre de récupération, des petites figurines votives ou divinatoires qui sont très expressives : animaux mythiques (le caméléon dans les présages est porteur de mauvais message et de la lèpre), petite statuette en forme humaine, aux pieds retournés en arrière, cavaliers appelés bandéguélé. Toutes ces petites figurines permettent aux devins (sandogo) d'interpréter les augures. A Korhogo, les Lorho (Dioula) vivent dans le quartier de K'go, à l'entrée de la ville. Près de Korhogo sont installés aussi des ateliers de fondeurs d'origine Mandé, mais parfaitement intégrés aux Sénoufo depuis des siècles. Ils confectionnent pour leurs cérémonies d'initiation des petits masques de bronze qui imitent curieusement le célèbre modèle sénoufo dit kpéfié. Étant plus libres sur le plan religieux que les Sénoufo, ils inventent des variations très modernes avec, par exemple, un clou à la pointe retournée pour suggérer le nez, les yeux étant représentés par deux trous rectangulaires. Ils fabriquent aussi des poignards, des haches de parade. On trouve des masques sénoufo en cuivre en Burkina Faso, à Banfora.
2. Les forgerons de la région de Dabakala font tous partie d'une caste spéciale (Noumou) à l'intérieur de l'ethnie djimini (agriculteurs Sénoufo). Les Noumou, tous endogames, vivent dans le même village ou dans un quartier réservé. Par exemple, toute la population des villages de Tissele Noumousso appartient à la caste Noumou. Ils sont aussi cultivateurs, car leur production artisanale ne suffirait pas à assurer leur vie matérielle. Ils fabriquent des outils agricoles, des couteaux, des fusils, et ils travaillent aussi le bois, en réalisant les bobines et les peignes des métiers à tisser. Les trois jours consacrés au travail de la forge sont le lundi, le vendredi et le dimanche. Leurs productions sont vendues sur les marchés de Dabakala, le mercredi, et de Finésiguedougou, le dimanche.
3. La caste des forgerons Sénoufo (Fonombélé) s'occupe exclusivement de la fabrication d'outils agricoles, d'outils ménagers et de quelques objets rituels. Il y a encore quelques années ils n'avaient pas le droit de chercher une femme en dehors de leur groupement professionnel. Mais bien que cette endogamie ne leur soit plus imposée, ils continuent à la pratiquer. Les fils de forgerons sont longuement initiés à leur métier magique. Dans les cérémonies funéraires, le grand masque Kponiougo leur est réservé. Des statues hermaphrodites expriment la double force des artisans du feu et de la terre. Les forgerons qui sont aussi spécialisés dans la sculpture sur bois doivent subir une initiation supplémentaire. La technique sénoufo de la cire perdue est différente de celle pratiquée par les ethnies du Nord. Elle se rapproche de celle des Baoulé. En général, le moule et le creuset sont séparés. On fait couler le métal en fusion du creuset dans le moule, alors que, chez les Sénoufo, le creuset est toujours soudé au moule. A Koni, situé à 15 km au nord de Korhogo, on extrait encore le fer dans des puits très étroits et on trouve encore quelques hauts fourneaux en activité. Mais, très rapidement, le fer de récupération arrêtera sans doute l'activité de ce village, à moins, hélas! qu'on ne maintienne des fours en marche que pour les touristes. Actuellement cinquante artisans forgerons extraient encore le fer et le fondent. La fonte terminée, les lingots (de fonte très impure) d'environ 20 kg sont vendus aux forgerons de la région. A l'Ouest de la Burkina Faso, presque à la frontière de la Côted'Ivoire, il existe un village de fondeurs en activité : Tourni, près des villages sénoufo de Sindou et Kankalaba.

Sculpteurs sur bois
Dans tout le pays sénoufo, on fabrique des sièges en bois taillés dans la masse, des petits bancs montés sur quatre pieds, des chaises et des fauteuils, les pieds sont souvent sculptés.
Les fauteuils de repos sont faits de deux parties creusées dans un tronc d'arbre entier qui s'entrecroise en X; la partie dossier est sculptée sur sa face extérieure. Presque tous les hommes des villages sénoufo savent tailler à l'herminette des manches d'outils, des pilons et des mortiers, des louches et des cuillères, et même des sièges sculptés.
Par contre, les sculpteurs de masques et de statues (Kpembélé) font partie d'une caste particulière, les Koulé. Ils habitent dans des villages ou des quartiers isolés des grands centres. A Korhogo, ils sont regroupés dans le quartier Koko. On y trouve, comme dans d'autres villages spécialisés, une production intense de masques et de statues pour le commerce touristique, et que les Dioula vendent dans toutes les grandes villes d'Afrique.
Cette production en grande série n'exclut pas la production plus discrète qu'on trouve dans certains villages de brousse, de masques « dansés » et de statues « rituelles » exécutés exclusivement pour le culte du Poro. Cette double fonction de la sculpture sénoufo est pleine de contradictions. C'est par milliers qu'on découvre en vrac dans certains ateliers parfaitement organisés, non seulement des masques ou des statues sénoufo, avec ou sans patine ancienne, mais aussi des copies de nombreux masques d'autres ethnies, comme par exemple, le célèbre cimier antilope bambara (en revanche, il est vrai que j'ai vu des sculpteurs sénégalais faire en grande série le célèbre masque sénoufo appelé kpéfié!).
Les sculpteurs sénoufo sont extrêmement habiles. Ils sont en effet capables de reproduire scrupuleusement n'importe quel masque ou statue qu'on leur donne comme modèle. Une simple photographie leur suffit. C'est d'ailleurs pourquoi tant de faux, revêtus d'une patine artificielle, envahissent le marché mondial et arrivent même à tromper certains connaisseurs.
Nous ne pouvons pas, dans le cadre limité de cet ouvrage, énumérer toute la diversité de la production si riche des Sénoufo; aussi, nous limiterons nous à deux exemples très caractéristiques. Les sculptures liturgiques du groupe des Fonombélé sont appelées Khoudosion. Ce sont des sortes de statues pilons très élancées, au moyen desquelles les néophytes du Poro tapent le sol en cadence pendant la danse qui sert à entrer en communication sacrée avec les ancêtres.
Les grands masques cérémoniels sont très célèbres, particulièrement le Nassolo, au corps de plusieurs mètres de long, construit en bois et en sisal, et décoré de dessins blancs, rouges et noirs correspondant aux armoiries propres à tel ou tel enclos sacré de Poro. Mais le masque sénoufo le plus connu, parce que le plus esthétiquement accessible et aussi le plus reproduit, est le petit masque anthropomorphe appelé kpélié, d'une très grande présence spirituelle par la simplicité et le dépouillement du visage aux yeux mi clos, au front bombé, au nez long et droit, à la bouche petite et mince.

Poterie
Seules les femmes sont potières et, le plus souvent, ce sont celles des forgerons. D'après la tradition sénoufo, l'oeuvre de la création de l'univers a été confiée à une divinité féminine et c'est avec la terre originelle qu'elle modela les hommes et les objets. Sous les aspects de la mère du village (la Katieleu), cette divinité joue le rôle de protectrice du monde vivant. C'est elle qui préside les cérémonies du Poro, qui protège les activités liées à la terre, l'agriculture et la poterie.
On trouve des poteries utilitaires dans presque tous les villages grandes jarres ventrues pour y mettre le dolo (bière de mil), canaris à trous pour fumer le poisson et la viande, énormesjarres servant de grenier à riz, bols, plats à beignets, etc.
A Ferkessédougou, les femmes décorent des petites jarres rondes avec l'empreinte de maïs égrené.
Dans la région de Dabakala, on pratique une poterie du même style qu'à Katiola, mais il s'agit de la branche sénoufo, les Djimini, spécialistes aussi du tissage. Les femmes sont castées et regroupées dans des villages. On trouve leur production au marché du mercredi de Dabakala.
La production satisfait encore les besoins utilitaires de la population locale. Des commerçants viennent, trois ou quatre fois par an, en saison sèche, acheter un stock important qu'ils écoulent dans les centres urbains de Katiola, Bouaké et même à Abidjan.
Toutes les poteries funéraires et cérémonielles sont réalisées par les hommes.
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