LES MOSSIS
Leur Milieu:Environ 2 500 000 en Burkina Faso (50 % de la population). Le cercle de Yatenga est une des régions les plus peuplées des Mossi. La densité atteint parfois jusqu'à 50 habitants au km2..
Langue : le moré.
Le pays mossi s'étend de la frontière Malo Voltaïque au nord, à la frontière Ghano Voltaïque au sud.
Les Mossi et leurs voisins Gourmantché ont des affinités sociologiques, religieuses et linguistiques (ils auraient un ancêtre commun). Les Mossi peuvent être divisés en deux populations : la population urbaine, qui est musulmane depuis longtemps, et la population rurale, qui a su conserver sa religion animiste.
Principaux centres : Ouagadougou, Ouahigouya, Koudougou, Yako, Kaya, Tenkodogo.
Leur Histoire:On rapporte une légende sur l'origine du Royaume de Ouagadougou. Au début du xie siècle, le roi de Gambaga, vivant dans le nord de l'actuel Ghana, s'avança vers le nord dans la région de Tenkodogo. Il avait une fille célèbre par sa beauté et son courage. Cette princesse, Poko, suivait son père dans toutes ses expéditions guerrières. Un jour, elle s'éloigna du camp et fut emportée par un cheval fougueux, dans une épaisse forêt où elle rencontra un chasseur d'éléphant, nommé Riaré, d'origine mandé, qui réussit à maîtriser sa monture emballée. Elle l'épousa et de cette rencontre naquit un fils qu'ils appelèrent Ouedraogo (ou Ouidiraogo) c'est àdire étalon. Par la suite, Ouedraogo, aidé par son beau père, soumit le pays de Tenkodogo puis tous les territoires voisins. Seules quelques ethnies échappèrent à la conquête des cavaliers en se réfugiant dans des régions marécageuses ou des falaises, comme les Dogon à Bandiagara (alors que les Foulsé n'ont pas fui).
Les descendants d'Ouedraogo fondèrent différents États Mossi
Zandoma, Ouagadougou au xille siècle, Yatenga au xive siècle, etc. Ces États Mossi, créés par l'aristocratie des cavaliers, ont toujours eu de puissantes armées. Bien administrés, ils échappèrent au chaos général qui suivit l'invasion marocaine, Isolés, loin de la mer' coupés par les forêts et le désert, ils sont restés pendant des siècles en dehors des échanges aussi bien commerciaux qu'idéologiques et religieux. (L'islam commença seulement à pénétrer chez les Mossi au xviiie siècle.) La valeur de ses cavaliers, au nombre magique de 333, était réputée au delà de ses frontières. C'est peut être une des raisons pour laquelle aucun conquérant africain n'a osé attaquer les Mossi. A la suite de longues luttes intestines, les États Mossi devinrent des protectorats français : Ouagadougou en 1857 et Yatenga en 1896.
Les origines des Gourmantché semblent se confondre avec l'histoire du peuple Mossi. Diaba Lompo (1204 1248), fondateur de la dynastie, serait le fils ou le cousin de Ouedraogo.
Au XIXe siècle, des luttes intérieures pour la royauté éclatèrent entre les prétendants, luttes auxquelles les Mossi s'associèrent. Aussi, lors de l'arrivée des Français en 1895, la puissance des rois du Gourma avait bien diminué.
Leur Vie Economique:Le sol du pays mossi est pauvre. Il n'y a qu'une faible partie de terres cultivables. C'est une des raisons pour laquelle de nombreux Mossi s'expatrient chaque année, notamment en Côte d'Ivoire, où ils forment une main d'oeuvre saisonnière. Les Mossi sont des agriculteurs de mil, base de toute leur alimentation. L'élevage et le commerce des chevaux intéressent beaucoup les Mossi.
Leur Vie Sociale:Tous les États Mossi ont la même structure sociale très hiérarchisée. Elle comprend, d'une part, un régime aristocratique sous sa forme la plus féodale et, d'autre part. possède aussi certains éléments d'un régime démocratique. Au sommet de l'État Mossi se trouve le Morho Naha, chef suprême symbolisant le soleil sur la terre. Il est à la fois dieu et empereur du Mogho (et non des Mossi, comme on le dit souvent). Il règne mais il ne gouverne pas. Ce sont les ministres qui exercent le pouvoir : dans les villages, le pouvoir est exercé par deux chefs, le premier, le Teng Naba, ou chef de la terre, exerce un pouvoir politique : le second, le Tingsoba, ou propriétaire de la terre, descendant des premiers occupants de la terre, héritier des chefs vaincus, exerce un pouvoir religieux et rituel. La noblesse est composée de trois catégories : les Dimbissi, descendants du Morho Naha, les Nabissi, descendants des chefs héréditaires, et les Nakomsé, simples aristocrates mais jouissant de nombreuses faveurs.
Les non nobles pouvaient entrer dans le conseil comme Naha, le premier ministre n'étant considéré que comme le premier serviteur de l'État.
Le premier fils d'un Morho Naha devient Naha, mais il doit pouvoir mériter la dignité de cette fonction.
Un collège électoral avait la charge de désigner le nouveau Naha, avec le pouvoir d'écarter le fils aîné du Naha si celui ci ne satisfaisait pas aux conditions requises et d'en choisir un autre parmi les fils ou les frères du Morho Naha défunt. La cour est réglée par une étiquette très minutieuse.
Musiciens et chanteurs font partie de l'entourage royal.
Chaque vendredi, à 7 heures du matin, a lieu encore au palais du Morho Naha une curieuse cérémonie à laquelle tout le monde peut assister. Le Morho Naba sort de son palais, habillé en rouge, car le soleil est sur le point de se lever.
Le Kamsora Naba, au nom des personnages de la cour, le supplie de ne pas enfourcher son cheval tout harnaché. L'empereur fait un faux départ, et se rend à ses supplications en se rendant à sa demeure. Cette coutume aurait pour origine une légende qui rappelle au Morho Naha que ses devoirs d'empereur doivent primer ses intérêts personnels.
Leur Vie Religieuse:Malgré une pénétration de l'Islam le long des routes commerciales (surtout au Yatenga), le peuple Mossi est resté animiste. Les génies (Kinkirsi) sont divisés en bons génies (Kinkir Somà) et mauvais génies (Kinkir Wese). Les Tingane sont les génies protecteurs des villages.
Il existe en pays Mossi de nombreuses sociétés secrètes : le Nyonyosé, aux rites compliqués visant à révéler à ses adeptes les secrets du monde invisible, le Poese, association fermée qui possède l'exclusivité d'une technique magique, le Singa, association de chasseurs et les mangeurs d'« âmes », sorciers jouissant du privilège de pouvoir capturer le double des hommes.
Les sociétés des masques du wando dansent exclusivement à l'occasion des funérailles.
Leur Vie Culturelle:Grandes fêtes périodiques mossi consacrées aux ancêtres, à la terre, à la nouvelle lune à la fin de la période initiatique.
La Tinsé a lieu en juillet, après les grandes pluies, lorsque le mil est déjà haut. Elle est célébrée en l'honneur de la divinité Tenga. Le Basgho a lieu après les récoltes (en décembre ou janvier). La fête musulmane, la Tabaski, est célébrée par les animistes Mossi comme une fête nationale. Ils l'appellent Mos'Ki Psa, fête des Mossi. Le Zambewa correspond à l'année nouvelle du calendrier musulman. Pour les Mossi, c'est une fête familiale pendant laquelle on mange et on boit beaucoup.
À Ouagadougou, à la fin du Ramadan, les enfants d'une société d'âge font avec des calebasses décorées d'animaux fantastiques la fête des animaux, le fanal.
Le soir de Noël, dans le quartier africain catholique, on peut voir dans des niches illuminées des crèches de santons de terre cuite réalisées par des enfants, art populaire extrêmement riche.